Le corps ne ment pas : Les 5 structures corporelles et psychologiques de survie
Ce modèle vient du travail de Wilhelm Reich et Alexander Lowen, pionniers de la thérapie corporelle.
On ne fait pas que grandir dans notre corps. On le façonne en fonction de ce qu’on a vécu : ce qu’on n’a pas pu dire, ce qu’on n’a pas reçu, ce qu’on a dû endurer ou performer.
Les 5 structures corporelles et psychologiques, aussi appelées structures caractérielles, sont des réponses psychologiques et somatiques, formées tôt dans la vie pour nous aider à survivre. Ce ne sont pas des identités fixes ou des défauts. Ce sont des adaptations intelligentes.
Chacune s’est formée à partir de blessures précoces, souvent bien avant qu’on ait les mots pour comprendre. Elles se retrouvent dans la posture, les réflexes émotionnels, les gestes, les mécanismes de défense. On peut se reconnaître dans plus d’une. Ce ne sont pas des boîtes, mais des portes vers une meilleure connaissance de soi.
1. Schizoïde
Celui qui est parti tôt
Quand la connexion n’est pas sécurisante, le corps s’échappe.
Cette structure se forme lorsque l’enfant se sent non désiré, non accueilli, ou en danger dès la vie fœtale ou peu après la naissance. Il apprend à fuir vers l’intérieur, à se déconnecter pour survivre à un monde trop intrusif ou menaçant.
Corps typique : mince, allongé, segments corporels désarticulés ou déconnectés, posture qui semble se retirer ou flotter à l’écart.
Les schizoïdes sont souvent visionnaires, sensibles, très dans leur tête. Ils ont besoin de solitude et d’espace. Mais ils peuvent avoir du mal à s’enraciner, à habiter leur corps ou à créer du lien intime. Il y a souvent un fort désir d’appartenance mêlé à une peur d’être envahi.
2. Oral
Celui qui a eu faim longtemps
Quand le besoin de nourriture et d’amour n’a pas été comblé, le corps tend les bras.
Cette structure naît quand les besoins de proximité, de soin ou d’attention ont été offerts de façon inconsistante. L’enfant apprend à tendre la main que ce soit pour de l’amour ou du soutien, mais en doutant de sa légitimité à recevoir.
Corps typique : poitrine effondrée, épaules arrondies, posture qui cherche le contact, comme un corps encore en train de tendre la main.
Les oraux sont chaleureux, empathiques, généreux. Mais ils peuvent facilement s’épuiser, se suradapter ou sentir un vide constant. Leur guérison passe par l’apprentissage de recevoir sans devoir se prouver, de se sentir plein sans performer.
3. Psychopathe
Celui qui a pris le contrôle
Quand la vulnérabilité mène à la trahison, le corps s’endurcit.
Ce type émerge quand l’enfant se sent utilisé, manipulé, ou privé de pouvoir, souvent par un parent dominateur ou envahissant. Il apprend à contrôler, à s’imposer, à protéger son cœur en s’armant.
Corps typique : torse bombé, énergie projetée vers l’extérieur, présence charismatique ou imposante, mais peu de contact avec le centre du corps.
Les psychopathes sont stratégiques, brillants, puissants. Ils attirent, dirigent, séduisent. Mais sous cette force apparente se cache une peur du contact intime, de la vulnérabilité ou d’être contrôlé. La guérison commence quand ils se permettent de ressentir sans devoir gagner.
4. Masochiste
Celui qui a tout retenu
Quand s’exprimer n’est pas sécuritaire, le corps se comprime.
Cette structure apparaît quand l’enfant est humilié, puni ou rejeté pour avoir exprimé ses émotions ou ses besoins. Il apprend à contenir tout ce qu’il ressent, à tout garder à l’intérieur pour préserver la paix ou éviter la honte.
Corps typique : massif ou comprimé, surtout au niveau du cou, du bassin et de la mâchoire. Le corps semble retenir quelque chose, énergie tournée vers l’intérieur.
Les masochistes sont fiables, profonds, endurants. Mais ils portent souvent de la rancune, du refoulement, ou une forme de tristesse silencieuse. Leur libération passe par le droit de dire non, de prendre leur place, d’éprouver de la joie sans culpabilité.
5. Rigide
Celui qui a suivi les règles
Quand l’amour dépend des performances, le corps se perfectionne.
Cette structure se développe quand l’enfant comprend que l’approbation vient du fait d’être bon, parfait, en contrôle. Il apprend à cacher ses besoins, à gérer ses émotions, à bien se tenir.
Corps typique : droit, symétrique, musclé, souvent bien tonifié. Il y a une tension subtile dans la posture, comme un effort pour rester aligné et impeccable.
Les rigides sont efficaces, brillants, élégants. Ils réussissent. Mais ils ont peur du chaos, de la vulnérabilité, de se montrer sans filtre. Leur assouplissement commence quand ils osent être vus tels qu’ils sont : spontanés, imparfaits, vivants.
Pourquoi ça compte
Comprendre les structures corporelles et psychologiques, c’est passer du jugement à la compassion. Ce n’est pas « qui tu es », c’est ce que tu as appris à devenir. Et ton corps, dans toute sa sagesse, porte encore ces décisions anciennes, souvent prises inconsciemment.
Dans mon travail, je ne traite pas des types. Je rencontre des personnes : dans leurs stratégies, leurs protections, leur tendresse. Ensemble, on crée de l’espace pour les parties oubliées, exilées.
Tu n’as pas à rester figé dans la forme que ton passé t’a donnée. Il y a plus de mouvement possible. Plus de vie. Et ton corps connaît le chemin du retour.