Se reparentifier: apprendre à devenir le soutien dont vous aviez besoin
La reparentification de soi est un concept qui peut sembler abstrait tant qu’on ne commence pas à l’expérimenter concrètement. Essentiellement, il s’agit d’apprendre à s’offrir à soi-même les soins, l’encadrement et la stabilité émotionnelle que l’on n’a peut-être pas reçus de façon constante plus tôt dans la vie. Non pas pour remplacer le passé, ni pour le rejeter, mais pour choisir consciemment une nouvelle manière d’entrer en relation avec soi aujourd’hui.
À travers mes propres observations et études, j’en suis venue à voir la reparentification moins comme une technique que comme une relation. C’est une pratique continue qui consiste à remarquer la façon dont on se parle, comment on réagit au stress et à quelle vitesse on abandonne ou protège ses propres besoins. Plusieurs d’entre nous ont appris très tôt à s’adapter en restant silencieux, en étant utiles, forts ou conciliants. Ces stratégies avaient un sens à l’époque. La reparentification invite simplement à se demander si elles nous servent encore.
Ce que signifie réellement se reparentifier
Une grande part de la reparentification consiste à développer un sentiment de sécurité intérieure. Lorsque quelque chose devient accablant, décevant ou incertain, le réflexe ancien est souvent l’autocritique ou le retrait émotionnel. La reparentification vient interrompre ce cycle. Plutôt que de se pousser davantage ou de se fermer, on fait une pause et on répond avec curiosité. Qu’est-ce qui se passe vraiment ici? De quoi ai-je besoin en ce moment? Ce simple déplacement peut être profondément régulateur.
Ce travail implique souvent d’apprendre des compétences qui n’ont jamais été pleinement modélisées. Poser des limites sans culpabilité, se reposer sans avoir à le mériter, ou rester présent avec des émotions inconfortables sans chercher à les réparer ou à les anesthésier. Cela signifie aussi apprendre à se réconforter sans contourner ce que l’on ressent, à travers l’ancrage, le réassurance et un dialogue intérieur plus doux.
La reparentification n’est pas une question de se laisser aller à toutes ses impulsions ni d’éviter les responsabilités. Une parentalité saine inclut une structure, de la constance et la capacité de réparer. Se reparentifier, c’est apprendre à tenir à la fois la compassion et la responsabilité. On peut reconnaître sa peur sans la laisser diriger toutes ses décisions. On peut être bienveillant envers soi tout en choisissant la croissance.
Pourquoi ce travail peut être délicat
Pour plusieurs personnes, le deuil fait partie du processus. Le deuil de ce qui a manqué, de la rapidité avec laquelle il a fallu devenir autonome, ou du temps passé à être dur envers soi-même simplement pour continuer d’avancer. Ce n’est pas un recul. C’est une étape d’intégration. Une approche trauma-informée de la reparentification ne précipite pas la guérison et n’exige pas de positivité forcée. Elle crée suffisamment de sécurité pour que la vérité puisse émerger.
Avec le temps, cette pratique construit une forme de confiance. Pas celle qui dépend de résultats parfaits, mais une confiance plus tranquille qui dit: je peux rester avec moi-même, même quand c’est imparfait. Cette confiance transforme la façon dont on entre en relation avec les autres, dont on prend des décisions et dont on se relève lorsque les choses ne se passent pas comme prévu.
Se reparentifier ne consiste pas à devenir quelqu’un d’autre. Il s’agit de devenir plus présent à la personne que l’on est déjà et de choisir, encore et encore, de ne pas s’abandonner soi-même. D’après mon expérience, le vrai travail n’est pas d’apprendre à être plus gentil envers soi. C’est d’apprendre à rester présent une fois qu’on l’est.